Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

Le wikipedia anglophone était coupé le 18 janvier en protestation contre la « PIPA » et la « SOPA », megaupload ne répond plus suite à une action du FBI, nous autres francophones avons depuis peu la chance d’avoir une « Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet » (HADOPI pour les intimes). Là-dessus, les terrifiants Anonymous attaquent le site du FBI en guise de représailles. Et tout ça en l’espace de, aller, 24h. Un lecteur qui n’aurait pas suivi l’actualité « geek » ces derniers temps éprouve sans doute un sentiment résumé par le titre du présent article. Je vous propose donc humblement, amis lecteurs, de vous présenter les acteurs en présence ainsi que le pourquoi de toute cette agitation. Non pas que je doute de la pertinence de certaines « analyses » (hum.) mais j’ose croire avoir un avis moins… Sensationnaliste. M’est avis qu’on n’est pas sortis de l’auberge et qu’on assiste à une suite d’évènements qui auront un impact tout sauf négligeable sur le futur.

C’est qui ces gus ?

Avant de voir comment ils interagissent les uns avec les autres, commençons par voir qui sont les protagonistes de ces histoires.

  • Les ayants-droits

    On regroupe sous ce terme ceux qui ont les droits sur les œuvres copyrightées. Par « avoir les droits », on entend « être propriétaire » et, en particulier, avoir le droit de vendre en toute légalité. Exemple : un chanteur ne possède (généralement) pas ses musiques, elles appartiennent à une maison de disque, ou major, qui le paye pour produire [1] ces chansons. C’est elle qui ensuite vend les-dites chansons et ce fait des sous dans la manœuvre. Du coup, quand on télécharge illégalement, c’est elle qui « perd » de l’argent. Ce qui est vrai pour la musique l’est également pour toutes les autres formes d’audio-visuel: les films par exemple appartiennent à leurs producteurs et non aux réalisateurs (et encore moins aux acteurs). Ils sont rassemblés dans des associations et lobbies particulièrement puissants comme, en France, la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeus de Musique) ou, aux États-Unis, la MPAA (Motion Picture Association of America). On les retrouve à la l’origine chez nous de l’HADOPI, outre-Atlantique de la SOPA et de la PIPA. Leur revendication principale et somme toute défendable est l’arrêt du téléchargement illégal : ils arguent de la perte sèche qu’il occasionnerait pour eux. Néanmoins, les méthodes dont ils soutiennent la mise en place nous rappellent que non, la fin ne devrait pas justifier les moyens dans un cas pareil. Alors que les pertes occasionnées par le « piratage » sont difficiles à chiffrer, elles ne justifieront de toute façon jamais la destruction de l’Internet. C’est pourtant ce vers quoi ils poussent en promouvant la SOPA ou l’ACTA (d’autres explique comment bien mieux que moi), très probablement plus par incompétence et mauvaise foi que par volonté « maléfique ».

  • Low Orbit Ion Cannon (LOIC)

    LOIC, qu’est-ce donc que cela ? Canon à Ion en Orbite Basse en bon français [2], ce terme désigne un logiciel permettant à tout un chacun de participer à une attaque DDOS, c’est à dire à un déni de service. En gros, cela consiste à submerger un site internet de requêtes jusqu’à ce qu’il ne puisse plus tenir la cadence et s’arrête de fonctionner. C’est comme ça que les gus se revendiquant d’Anonymous mettent par terre les sites du FBI, de l’Élysée ou, à l’époque de l’affaire Wikileaks, de mastercard. Contrairement à ce qu’affirment certains, il est parfaitement possible de remonter jusqu’à l’utilisateur d’un tel logiciel. Donc non seulement ce n’est pas très intelligent de l’utiliser (j’ai à titre personnel un peu de mal avec le concept de « censurons les anti-censures ») mais, en plus, vous aurez des problèmes juridiques.

  • Anonymous

    Comme leur nom l’indiquent, les Anonymous sont… Anonymes. N’en déplaisent à certains médias, il est impossible que qui que ce soit s’exprime au nom d’Anonymous et pour cause : tout le monde en fait potentiellement partie. Regardons-y de plus près. Pensez-vous qu’une organisation centralisée puisse être à l’origine tout à la fois de confrontations virtuelles (et victorieuses) contre le pire cartel mexicain, d’attaques efficaces contre ceux s’en prenant à wikileaks d’abord puis megaupload ensuite, du tag de la devanture de l’HADOPI en France ou encore d’une lutte contre les groupuscules d’extrême-droite lyonnais ? La vérité est que n’importe qui peut s’en revendiquer. Vous voulez faire peur àquelqu’un ? Envoyez-lui un mail signé « Anonymous », si possible avec un masque de Guy Fawkes (référence au par ailleurs bon film V pour Vendetta que je vous conseille de voir pour mieux comprendre le principe d’Anonymous) en pièce jointe : c’est aussi simple que ça. Je ne pense même pas qu’on puisse parler de « groupe » : il y a en fait (toujours selon moi, mais je pense ma logique défendable) des groupes totalement indépendants se revendiquant d’Anonymous pour… protéger leur anonymat. On peut voir ça comme une sorte de franchise en fait: vous voulez qu’Anonymous fasse quelque chose ? Faites-le ! Vous êtes Anonymous. C’est d’ailleurs une des bases de leur réthoriques. Difficile de mettre en évidence une motivation principale pour un groupe qui n’en est pas un. Cependant, ceux qui se revendiquent d’Anonymous se réclament généralement de la liberté d’expression ou de la liberté tout court. Quitte à mettre hors d’usage un média (en l’occurrence un site internet) à grand coup de LOIC : défendre la liberté d’expression par la censure, c’est une approche… Originale. Notez que l’hétérogénéité intrinsèque d’un tel « groupe » est encore accentuée par leur succès médiatique. Là où à l’origine ne se trouvait qu’une poignée de jeunes américains extrêmement doués en informatique et dotés d’une forte idéologie libertaire se masse maintenant potentiellement tous les profils envisageables.

  • Les gouvernements

    Difficile de voir une tendance de fond tant les actions des gouvernements sont différentes. En fait, je trouve amusant de voir à quel point les réactions illustrent les valeurs de chaque pays. Ainsi, pour les américains, la liberté sur internet est extrêmement importante (le premier amendement de la constitution américaine garantit une liberté d’expression beaucoup plus large qu’en France). Par contre, avisez vous de vous en prendre aux intérêts d’un lobby et vous aurez des problèmes, d’où les lois SOPA et PIPA. Dans la même idée, quand on s’en prend à la sécurité nationale, plus de loi qui tienne ; d’où le Patriot Act. Aux Pays-Bas, pays ayant une tradition libertaire forte (Amsterdam… Qu’est-ce que ça vous évoque, petits canaillous ?), la neutralité du réseau a été inscrite dans la constitution. En Chine et, d’une manière générale, dans toute les dictatures, on censure et on espionne à tour de bras. Parfois avec des technologies françaises… En France, puisqu’on en parle, on s’agite en créant de nouvelles institutions bien lourdes et complètement inefficaces (oui HADOPI, c’est à toi que je pense). Par contre, personne ne risque rien et, en dépit des effets d’annonces, peu de choses entament réellement la circulation de l’information à l’heure actuelle au pays des fromages forts et du pain décent [3].

Et qu’est-ce qu’il se passe alors ?

Afin de lutter contre les piratage d’œuvres copyrightées, les États-Unis ont voulu promulguer deux nouvelles lois, les fameuses PIPA et SOPA. En gros, elles auraient rendu responsables les hébergeurs de l’intégralité du contenu qu’ils hébergent. Cela pourrait sembler logique, néanmoins arrêtons-nous un instant. Dans un tel cas, youtube par exemple pourrait être tenu pour responsable des commentaires publiés sur son site par le premier boulet venu [4]. Admettons, même si c’est un peu gros. Plus problématique : l’appareil judiciaire aurait été court-circuité, mettant de facto en place un justice privée. Les fameux ayant-droit auraient pu obtenir les coordonnées des vils « pirates » présumés sans décision de justice. Mon résumé est très condensé : encore une fois, plus d’informations sont disponibles chez la quadrature du net.

Pour montrer leur oppositions à cette loi, de nombreux sites ont procédés à un « black-out » le 18 janvier 2012. Concrètement, de très nombreux sites ont modifié leur apparence pour apparaître écrits en blanc sur fond noir et encourageaient leurs visiteurs à s’informer sur ces lois. En particulier, le wikipedia anglophone était (quasiment) inaccessible. Le soutien des « géants du nets » (google, ebay…) et l’ampleur du mouvement ont amené le gouvernement américain a revoir sa copie. Aux dernières nouvelles, ces lois sont pratiquement enterrées.

Le lendemain, le 19 janvier, les États-Unis toujours saisissent les serveurs de megaupload et publient des mandats d’arrêts internationaux contre ses fondateurs. Le FBI était à la manœuvre et les sites ne sont toujours pas accessibles alors que j’écris cet article. Il ne le seront très certainement plus jamais d’ailleurs. Difficile de voir une corrélation entre cet évènement et le black out dans la mesure où une telle opération doit demander des mois de préparations. Néanmoins, les esprits déjà chauffés à blanc par la lutte contre les lois américaines réagissent immédiatement et des individus se revendiquant d’Anonymous ont attaqué les sites internet du FBI, de la justice américaine mais aussi, après que N. Sarkozy se soit félicité de ses fermetures, de l’HADOPI et de l’Élysée. Parce qu’elle a touché tout le monde, la fermeture de megaupload a amené l’attention des médias classiques vers ses questions, d’où un nombre conséquent de reportages (d’une qualité parfois douteuse) sur Anonymous et consort et un nombre non moins conséquent de commentaires. Notamment Christophe Barbier qui, en dépit de la qualité de son analyse politique, a cru que son site internet pourrait résister là où celui du FBI (du èfbiaï ! C’est pas les premiers venus quand même !) a failli [5]. Comme quoi, ses sujets techniques ne devraient peut-être pas être commenté sans connaissances minimales. Ça paraît évident mais ça ne fait pas de mal de le rappeler.

Sur ces entrefaits, le parlement européen est en train de ratifier l’ACTA, un autre « traité commercial luttant contre la contre-façon de copyright ». Si le fait qu’il s’agisse d’un accord commercial est Censé justifier que sa négociation se soit faite dans la plus totale opacité, il n’en reste pas moins qu’il contient des sanctions pénales. D’ailleurs, son domaine d’action ne se limite pas à la « piraterie » [6] puisque la vente de médicaments génériques seraient entravée. Notez que l’accusation d’opacité et les prédictions de cassandre quant à ses éventuelles conséquences sont tout sauf des lubies de geek : le « rapporteur principal de l’ACTA » vient de claquer la porte pour ces mêmes raisons.

Conclusion

Que ceux d’entre-vous qui suivent l’actualité numérique de près me pardonnent cet article fait d’évidences pour eux. Néanmoins, j’espère avoir accompli efficacement cette vulgarisation d’une actualité où tout va très vite et, surtout, où les conséquences des moindres faits sont difficiles à évaluer. Deux choses sont sûres cependant : un, c’est un sacré bordel (pardonnez le niveau de langue) et deux, nous sommes à une charnière où deux visions d’internet totalement incompatibles s’opposent. À dans un an pour voir ce que tout cela à donner !


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[1] Oui, officiellement on produit de l’art. Ahem. Les esprits chagrins ne manqueront pas d’objecter qu’appeler du lady gaga de l’art est peut-être un bien grand mot. C’est effroyablement subjectif et surtout ce n’est pas la question. Même si ce n’est pas faux 😛
[2] Un nom pareil vient forcément du monde de la science fiction. Après enquête, il s’avère qu’il provient de la série « command & conquer ». Voilà de quoi briller pendant votre prochain dîner en ville !
[3] Non parce que le jour où vous trouverez une vraie baguette à un prix raisonnable hors de France, vous me ferez signe. En particulier si vous trouvez en Suède : leur pain est pas mal mais n’a rien à voir avec du vrai pain 🙁
[4] Et les boulets dans les commentaires sur youtube, c’est pas ce qu’il manque…
[5] Au passage, précisons que mettre à bas un site internet via un DDOS (i.e., en saturant le serveur qui l’héberge de requêtes) n’implique absolument pas une prise de contrôle du-dit serveur. Les Anonymous n’ont absolument pas « piraté » le FBI, ils ont bloqué l’accès à son serveur le moins critique : ça n’a rien à voir !
[6] – Hardis matelots ! Allons piller ce galion espagnol chargé d’or !
– Oui capitaine !
– J’ai pas entendu…
– Ouiii capitaaiiine !

Le Suédois, le gus

En des temps reculés, je vous avais promis un article sur le Suédois, le gus. En d’autres termes, un article présentant les différences culturelles que j’ai pu constaté entre mes compatriotes, i.e., les Français, et les autochtones des contrées boréales plus connues sous le nom de « Suède ». Laissez moi d’emblée vous prévenir quant à l’absence de photo(s) de Suédoises dans cet article. Et, au passage de fesses de nonne [1]. Sans plus attendre donc…

Le Suédois, cet être étrange

Le Suédois est, comme son nom le laisse supposer, l’habitant de la Suède. Jusque-là ça va. La légende (ou le cliché, comme vous voulez) lui prête généralement des cheveux blonds, une grande taille et un pragmatisme certain (on parle quand même des inventeurs d’IKEA). Ce n’est globalement pas foncièrement faux : les cheveux blonds sont majoritaires, les gens sont globalement un peu plus grands (en particulier ces dames) et ils sont TRÈS pragmatique, mais j’y reviendrai.

Le Suédois parle le suédois, une langue barbare qui a été le sujet d’un brillant article auparavant, je ne reviendrai donc pas sur le sujet. J’ajouterai simplement que, du fait de la grande importance de l’accent tonique, il n’est pas possible de parler très vite. Du coup, j’ai bon espoir de comprendre la langue de Nobel d’ici à la fin de l’année scolaire. Cependant, en plus du suédois, le Suédois parle anglais ; et quand je dis qu’il parle anglais, je veux dire que je ne parviens pas à différencier leur accent de celui d’un New Yorkais. Au passage, faites attention : si vous allez en Suède et qu’une mamie vous dit qu’elle « fera de son mieux » quand vous lui demandez si elle parle anglais, nul besoin de prendre des pincettes et pour cause, elle parle très probablement mieux que vous… Et je ne m’attarderai pas sur le fait que beaucoup de Suédois ont en plus le bon goût de parler français. Y compris les videurs à l’entrée des bars qui sont également aimables en plus d’être polyglottes : un vrai choc des cultures pour le Français que je suis !

Des Suédois attendent le bus en faisant sagement la queue.

Lorsqu’il attend le bus (à Gullmarsplan pour les connaisseurs), le Suédois fait la queue AVANT l’arrivée du bus. C’est assez perturbant la première fois.

Quand je dis que le Suédois est pragmatique, j’entends bien évidemment par là que tout est parfaitement réglé sur place : les bus sont à l’heure, les stations sont bien conçues, les handicapés peuvent se déplacer partout dans Stockholm sans le moindre problème, etc. Cela va cependant plus loin. Par exemple, lorsque je discute politique avec des Suédois, je suis surpris de constater que l’idéologie est presque secondaire pour eux ; ils pensent d’abord à leur intérêt. Du coup, ils hurlent à l’incohérence et au scandale [2] quand il est question d’empêcher les étudiants étrangers de rester travailler en France. Non pas au nom de la lutte contre la xénophobie (encore que) mais bien parce qu’un étranger apporte une certaine richesse culturelle, ce qui est toujours profitable, et surtout parce qu’il est important pour avoir de l’influence d’avoir une élite suédophile (ou, dans notre cas, francophile) à l’étranger.

J’ai également déjà évoqué la « nourriture » locale. Je préfèrerais ne pas en reparler [3].

Enfin, le Suédois est à la pointe de la technologie. Tout le monde a un smartphone dans le métro ; la connexion internet est de très bonne qualité et a été démocratisée bien plus rapidement qu’en France. Ainsi, j’ai eu une expérience d’internet dans ma jeunesse similaire à celle d’une Suédoise de sept ans mon aînée !

A Lyoner in Stockholm

(Parce que oui, π²/6 est un blog avec de la musique jazzy dedans et oui, je me considère plus comme lyonnais que comme annécien)

Plusieurs choses m’ont perturbé en ces contrées. En premier lieu, l’idée suédoise de la politesse : alors que le Suédois est très gentil quand on va vers lui pour lui poser une question, il ne se formalise pas de beaucoup de chose qui scandaliseraient un Français. Par exemple, en entrant dans un magasin, aussi petit soit-il, aussi faible soit le nombre des autres clients, pas besoin de dire bonjour. D’ailleurs, on ne vous le dira probablement pas et, de toute façon, personne ne dit « bonjour » en Suède. On dit « Hej ! », ce qui se traduirait plutôt par « Salut ! ». Bien que la langue suédoise permette le vouvoiement, personne ne l’utilise (à part probablement pour discuter avec le roi). Dans le même ordre d’idée, en plus de les tutoyer, on doit appeler nos professeurs par leur prénom et le fait qu’ils puissent être des sommités mondiales dans leur domaine n’entre pas en ligne de compte. En tant que jeune homme extrêmement bien élevé (mais oui mais oui), je trouve ça fortement perturbant !

La petite maison (suédoise) dans la prairie.

Certes, ça n’a rien à voir avec le schmilblick mais que serait un article sur les Suédois sans une petite maison en bois rouge perdue dans la forêt ? Déjà que je ne parle ni de Krisprolls ni d’Abba, mon quota de clichés n’aurait jamais été atteint !

Bien évidemment, hors de question de faire la bise aux jeunes filles ; la distance (au sens strict) entre les gens est plus grande qu’en France. Il n’est d’ailleurs pas rare de ne pas même serrer la main des hommes. Entre amis proches néanmoins, les « hugs » [4] sont monnaie courante tout en restant relativement froids : on ne passe qu’une main dans le dos de l’autre et on ne s’éternise pas dans cette position. Puisque je parle de distance, notez au passage la régularité de la queue formée par les Suédois attendant le bus a Gullmarsplan et le petit mètre entre chaque personne.

Convictions politiques

La Suède est également réputée pour l’égalité de ses citoyens puisqu’elle a l’un des indices de Gini les plus faibles du monde. Cette égalité est très fortement implantée dans les mentalités et, de fait, les élèves n’ont pas de note avant leur 14 ans. Oui oui, 14 ans. Du coup, ils sont passablement pertubés par le système français des grands écoles et de leurs concours… Quant à leur expliquer le concept d’agrégation, n’y pensont même pas (notez que j’ai moi même du mal à le comprendre) ! D’ailleurs, il est aussi courant de voir une jeune mère pousser une poussette en se faisant malmener par d’autres enfants forcément braillards que d’observer un jeune père dans la même situation. En fait, la répartition des tâches ménagères est en moyenne vraiment équitable.

À KTH, j’anime tous les vendredi avec une camarade française une discussion informelle avec des élèves apprenant le français. À cette occasion, j’ai discuté avec une finlandaise vivant en Suède depuis un certain temps qui m’a expliqué que lancer un débat entre les étudiants pour les faire parler n’était pas une bonne idée. Et pour cause : selon elle, les Suédois n’ont pas d’opinions ! J’ai bien évidemment demandé des précisions. En fait, elle brocardait le fort penchant local pour la négociation : aucune décision n’est prise si tous les partenaires ne sont pas d’accord. Les Suédois sont par conséquent habitués à faire des concessions, d’où l’illusion d’une « absence de convictions ». « Jaha », répondis-je à cette explication, adoptant la coutume locale.

Conclusion

Voilà voilà, chose promise, chose due : un article sur cet étrange peuple. Vont suivre la suite également promise de ma série sur la cryptographie et une introduction à la Proof Complexity, un domaine de l’informatique théorique qui m’occupe beaucoup ces temps-ci !


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[1] Non parce qu’il y a toujours des gens qui échouent ici après avoir tapé « fesses de nonnes » sur google. < insérer ici un soupir mi-amusé mi-désespéré >
[2] Enfin, « hurlent au scandale » au sens suédois du terme ; ce qui donne quelque chose comme : « Jaha, mais c’est bizarre quand même. Je veux dire, ça n’est pas très intelligent, non ? Pourquoi vous faites ça ? < sourire >  ».
[3] Imaginez moi assis en position fœutale dans un coin de la pièce, me balançant en marmonnant « plus de viande de renne en tube… Plus de champignons aux crevettes en tube… » en me tenant la tête.
[4] « Câlin » en bon français mais le sens n’est pas tout à fait identique. Pensez au « free hugs » pour voir de quoi je parle !